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Alexandre III et La Republique Francaise

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Артикул: 625458.01.99
Toutain E. Alexandre III et La Republique Francaise [Электронный ресурс] / E. Toutain. - Paris: Libraire plon Les Petits-Fils De Plon Et Nourrit, [Б. г.]. - 401 с. - Текст : электронный. - URL: https://znanium.com/catalog/product/355356 (дата обращения: 26.04.2024)
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ALEXANDRE III
ET
LA REPUBLIQUE FRANQAISE

  Ge volume a etc depose a la Bibliotheque Nationale en 4929.

EDMOND TOUTAIN
MLN1STBE PLENIPOTENTIAIRK





                ALEXANDRE Ш




ET

        LA REPUBLIQUE FRANQAISE

SOUVENIRS D’UN TEMOIN
1885-1888

. PARIS
- librairie plon
LES PETITS-FILS DE PLON ET NOURRIT
IMPRIMEURS-EDITEURS — 8, RUE GARANCIERE, 6’
Tous droits receives

                                          Copyright 1929 by Librairie Pion»
                                          Droits de reproduction et de traduction гё$егт& pour tone pays, у compris FU. R. S. S.

AVANT-PROPOS




   En ecrivant ce livre, je n’ai pas eu la pretention de presenter I’histoire complete des faits et des negociations qui ont precede de quelques annees la conclusion de 1’al-liance franco-russe. Je me suis borne a retracer Ies prin-cipaux evenements auxquels ma situation de secretaire de l’ambassade de France a Saint-Petersbourg m’a permis d’assister de 1885 a 1888. Je l’ai fait surtout d’apres mes souvenirs personnels et mes notes rapportees de Russie, notes souvent prises au jour le jour, completees et raises au point a l’aide des documents dont j’avais eu connais-sance pendant la duree de mes fonctions.
   Au moment ou, de tous cotes, on etudie les origines et les responsabilites de la Grande Guerre, il m’a sembU inte-ressant de montrerles motifs pacifiques, — dont le premier fut le retablissement de I’equilibre europeen, — ayant, vers la fin du siecle dernier, amene la France et la Russie a s’unir par des accords diplomatiques et militaires.
   Loin de vouloir la guerre, ces deux pays — comme il ressort clairement, je I’espere, de cet ouvrage — avaient, en vue, avant tout, le maintien de la paix en Europe. Devant la course aux armements menee par Bismarck et le grand etat-major allemand, ils surent, sans rien sacrifier de leurs interets et de leur honneur, resister aux provocations de Berlin, s’appliquant seulement a prendre les mesures defensives indispensables a leur securite. Ce

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ALEXANDRE III ET LA REPUBLIQUE FRANQAISE

fut l’attitude ealme, digne et ferme de la France qui, dans ces circonstances critiques, contribua le plus a pr£server 1’Europe des calamites d’une conflagration generate.
   On peut dire que ces trois annees 1886, 1887 et 1888 marquent la premiere etape dans la marche vers l’alliance. D’un cote, la France, s’appliquant depuis le traite de Francfort a se recueillir et a se reconstituer, tient a ne pas se retrouver, le jour ой se produirait une nouvelle attaque ennemie, dans I’etat d’isolement militaire et diplomatique ou l’avaient surprise les complications de juillet 1870. D’autre part, la Russie, ulceree des resultats du Congres de Berlin, impatiente de secouer I’hegemonie allemande qu’elle subissait sous le regime de 1’entente des trois empires, recherche l’amitie d’une nation avec laquelle elle n’ait ni divergence ni rivalite d’interets. Une alliance entre elles leur apparait done comme la seule solution qui leur soit ouverte en face de l’accord austro-allemand, devenu « la Triplice » par suite de l’accession de 1’Italie.
   Mais, pour atteindre un tel but, il ne s’agit pas seulement de dejouer les manoeuvres du prince de Bismarck et de vaincre les difficulty qu’il seme sur notre route. Il est, en outre, un double obstacle a surmonter en Russie : la repugnance d’Alexandre III a renoncer a 1’union traditionnelle des Romanoff et des Hohenzollern et les preventions de ce souverain absolu contre un rapprochement intime avec la seule puissance rdpublicaine existant en Europe.
   Ce sont done les efforts dont j’ai ete le temoin, efforts deployes victorieusement dans ce sens avec une patiente et prudente continuite de vues par notre diplomatie et les partisans de l’alliance a Petersbourg comme a Paris, que je me suis propose d’exposer ici.

                                Edmond Toutain.

            ALEXANDRE III


ET

    LA REPUBLIQUE FRANQAISE

SOUVENIRS D’UN TfiMOIN
(1885-1888)






CHAPITRE PREMIER

Les premieres annees du regne d’Alexandre III. Son attitude a 1’egard de la France.

   Sous le coup de la mort tragique de son pere (1), Alexandre III etait reste de longs mois sans pouvoir se ressaisir. Les bombes de Ryssakof et de Sophia Pe-rovskaia (2) avaient, en eclatant, jete le trouble le plus profond dans les dispositions dont il paraissait anime jusqu’alors.
   Comme grand-due heritier, Alexandre Alexandroviteh passait aux yeux de ses future sujets pour un prince aux idees liberates, continuateur probable de la pensee pater-nelle. Mais, des le lendemain de l’attentat, ses familiers sont deja frappes de ses hesitations sur la direction a suivre. Il demands a reflechir, consults, cherche a voir clair au milieu des avis contraires qui 1’entourent. Doit-il,

   (1) 13 mars 1881.
   (2) Deux des principaux auteurs de l’assassinat d’Alexandre II.
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ALEXANDRE III ET LA REPUBLIQUE FRAN^AISE

  comme Гу engagent respectueusement les derniers ministres d’Alexandre II, perseverer dans la politique de concessions genereuses, lamentablement recompensee par l’assassinat du « tsar liberateur »? Va-t-il, au contraire, edicter des mesures violentes de repression auxquelles le poussent non seulement le general Ignatieff et son ancien precepteur Pobedonotzeff, mais encore les apotres moscovites des traditions autocratiques ? Entre ce systeme et le programme de reformes de Loris Melikoff, de Miliou-tine et d’Abazza, Alexandre III avait a faire un choix.
    En appelant Ignatieff a succeder a Loris Melikoff (1), 1’empereur consacrait le triomphe de la seconde de ces politiques, dont les principaux representants, Aksakoff, Katkoff et surtout Pobedonotzeff, allaient devenir ses conseillers Ies plus ecoutes. Un manifesto imperial, du, selon toute apparence, a la plume de ce dernier, indiquait, a la date du 12 mai 1881, les tendances du nouveau tsar. Redige dans un langage mystique habilement calcule pour frapper les masses ignorantes de la Russie et relever le prestige de 1’autocratie, il ne pouvait laisser aucun doute sur Ie changement de politique de 1’empire. Aussi, devant une telle publication, un vif mecontentement et, en meme temps, un decouragement profond s’emparaient-ils d’une partie des classes eclairees, deques dans leurs aspirations comme dans les esperances que leur avait fait concevoir le tsarevitch.
   Pendant les premieres annees du regne, le souci de la s^curite de la personne du souverain et des membres de la famille imperials va, plus qu’aucune autre consideration, influer sur les decisions gouvernementales. Repous-sant toute mesure pouvant faire croire a un achemine-ment vers 1’octroi d’une constitution (2), Alexandre III

  (1)   Mai 1881. — Le comte Ignatieff resta pen de temps au pou-voir. Le comte Tolstoi le remplapait Гаппёе suivante comme ministre de I’Intirieur (voir p. 61).
  (2)  JI ne faut pas croire que, dans 1’esprit d’Alexandre III, la

      ALEXAN.DRE III ET LA REPUBLIQUE FRANQAISE 3

s’efforcera de poursuivre a entrance la destruction du parti nihiliste (1). Et c’est cette meme pensee qui inspi-rera ses premiers rapports avec les Stats strangers.
   Alexandre II, fiddle aux traditions de son pere Nicolas et d’Alexandre Ier, avait, presque jusqu’a la fin de son regne, base le systeme de sa politique exterieure sur une union etroite avec l’Allemagne. Gortchakoff en etait reste longtemps Partisan convaincu. Si les malentendus de 1875 et les deceptions russes de 1878 avaient fmi par amener chez celui-ci un refroidissement marque pour Bismarck, les relations affectueuses entre les deux cours de Saint-Petersbourg et de Berlin ne s’en etaient pas trouvees serieusement atteintes.
   Le nouveau tsar, au contraire, des sa premiere jeunesse, avait montre peu de sympathie pour les empires du centre. Ge sentiment s’etait encore accentue depuis son manage avec la princesse Dagmar, fille du roi de Dane-mark, Christian IX, depossede d’une partie de ses Etats par la Prusse en 1862. A Saint-Petersbourg on n’avait pas oublie le temps ou, pendant la guerre franco-allemande, le jeune grand-due se plaisait a faire verser par ses


pens6e d’une constitution, au sens europeen du mot, cut pu, avant coniine apres son avenement, s’unir a ses id6es libdrales. Il ne pou-vait s’agir que de la reprise d’un projet conpu jadis par Loris Meli-koff : etablir entre les differents ministres de I’empereur une cer-taine homogdneite conduisant logiquement a une sorte de respon-sabilitd commune devant le souverain. C’etait done substituer aux chefs de service, places jusqu’alors a la tete des departements minist^riels, des homines'ayant un programme commun concerte a l’avance et travaillant dans le тёте esprit a sa realisation. Сотте assemble, celle dont il £tait question ne pouvait etre que consultative, elue par les Etats provinciaux et par les doumas des grandes villes.
   (1) Une societe secrete, dite Sainte-Ligue, se forma done a cet effet. Sortie, dit-on de 1’imagination d’un modeste fonctionnaire, qui devait devenir plus tard un celebre homme d’Eltat, le futur comte Witte, protegee par le grand-due Vladimir, approuvee par I’empereur, elle fut malheureusement mal organises, mal comprise et fit plus de mal que de bien a la cause qu’elle voulait ddfendre.

ALEXANDRE HI ET LA REPUBLIQUE FRANQAISE

familiers du palais Anitchkoff une amende de cinquante kopeks pour chaque mot prononce dans cette langue ger-manique qui, disait-il, « choquait tant ses oreilles. » N’a-t-on pas aussi rappele souvent 1’impatience mal contenue qu’il avait laisse percer un jour, en ecoutant la trop longue enumeration des noms a consonnances tudesques portes par les officiers d’un regiment russe qu’on venait lui presenter.
   C’est qu’il partageait les dispositions de son peuple, a voir dans les Allemands, autant que dans les Tures, les ennemis traditionnels de la Russie. Les deux races germaine et slave, incapables de se comprendre, se trouvaient, suivant lui, fatalement destinies a s’entre-choquer dans un avenir plus ou moins proche. La nation russe, en effet, semblait n’attendre qu’une occasion ou un signal pour delivrer 1’Europe du pesant despotisme militaire de Berlin. Aussi la surprise et la deception furent-elles grandes en Russie quand on vit les manifestations affectueuses se poursuivre entre les deux cours et le jeune souverain tromper ainsi les esperances que le parti national avait fondees sur lui.
   Assurement, Alexandre III etait anime du ferme desir d’entretenir avec toutes les grandes puissances les relations les meilleures. Si le traite de Berlin, dont il avait, autant que son' pere et les hommes d’fitat de son pays, deplore bien des clauses, prevoyait le reglement de nom-breuses questions concernant 1’Orient, c’etait, a ses yeux, le maintien de la paix europeenne qui devait, avant tout, etre envisage dans leur solution. Soucieux de vivre en bonne harmonic avec l’Angleterre et, pour cela, den’eveiller ni les susceptibilites, ni la defiance du cabinet de Londres, il se montrait resolu a eviter du cote de l’Asie toute complication nouvelle. П tenait, d’ailleurs, a ne prendre avec aucun Stat etranger un engagement qui le lierait ou meme risquerait seulement d’entraver, en quoi que ce soit, son independance.