Синяя борода

УДК 
372.8
ББК 
81.2 Фр-93
 
П 26

ISBN 978-5-9925-0761-4

Перро Ш.
П 26 
Синяя борода: Книга для чтения на французском языке. — СПб.: КАРО, 2012. — 192 с. 
(Серия «Littérature classique»).

ISBN 978-5-9925-0761-4.

Предлагаем вниманию читателей сказки Шарля Перро, знакомые каждому с детства. В книге представлен полный авторский текст сказок, снабженный комментариями и 
подробным словарем.
Для учащихся старших классов специализированных 
школ, студентов языковых вузов и всех любителей французской литературы.

УДК 372.8
ББК 81.2 Фр-93

© КАРО, 2012

О СКАЗКАХ ШАРЛЯ ПЕРРО

Матушка Гусыня (англ. Mother Goose; 
фр. Ma Mère l’Oye) — персонаж французской 
и англо-американской детской литературы, в 
частности сказок, стихов, считалок и т. п.
Под названием «Сказки Матушки Гусыни» 
в мире начиная с XVII века вышло несколько 
литературных сборников, ставших знаменитыми. Широкую известность получил сборник из 52 классических детских стихотворений (nursery rhymes), выпущенный в Англии 
в 1760 году под названием «Мелодии Матушки 
Гусыни».
Одним из первых таких сборников стала 
книга сказок Шарля Перро (1697). Шарль 
Перро (1628–1703) — один из крупнейших 
французских писателей XVII века, остался в 
истории мировой литературы прежде всего 
как автор «Сказок Матушки Гусыни». Они 
представляли собой литературную обработку 

О СКАЗКАХ ШАРЛЯ ПЕРРО

народных сказок (как полагают, услышанных 
от кормилицы сына Перро). Эта книга широко прославила Перро за пределами литературного круга. Фактически он ввел народную 
сказку в систему жанров «высокой» литературы. Отдельные сюжеты из «Сказок Матушки 
Гусыни» упоминаются в книгах об Алисе Льюиса 
Кэрролла, об ослике Мафине Энн Хогарт, в 
«Мэри Поппинс» Памелы Трэверс.
«Сказки» способствовали демократизации 
литературы и оказали влияние на развитие 
мировой сказочной традиции и творчество 
таких писателей-сказочников, как братья Вильгельм и Якоб Гримм, Людвиг Иоганн Тик, Ганс 
Хрис ти ан Андерсен. На русском языке сказки 
Перро впервые вышли в Москве в 1768 году 
под названием «Сказки о волшебницах с нравоучениями». На сюжеты сказок Перро созданы 
оперы «Золушка» Джакомо Россини, «Замок 
герцога Синяя Борода» Белы Бартока, балеты 
«Спя щая красавица» П. И. Чайковского и 
«Золушка» С. С. Прокофьева.

LA BELLE AU 
BOIS DORMANT

Il était une fois un roi et une reine qui étaient 

si fâchés de n’avoir point d’enfants, si fâchés 

qu’on ne saurait dire. Ils allèrent à toutes les eaux 

du monde, vœux, pèlerinages, menues dévo
tions ; tout fut mis en œuvre, et rien n’y faisait.

Enfi n pourtant la reine devint grosse, et ac
coucha d’une fi lle : on fi t un beau baptême ; on 

donna pour marraines à la petite princesse tou
tes les fées qu’on pût trouver dans le pays (il s’en 

trouva sept), afi n que chacune d’elles lui faisant 

un don, comme c’était la coutume des fées en 

ce temps-là, la princesse eût par ce moyen tou
tes les perfections imaginables.

CHARLES PERRAULT

6

Après les cérémonies du baptême toute la 

compagnie revint au palais du roi, où il y avait 

un grand festin pour les fées. On mit devant cha
cune d’elles un couvert magnifi que, avec un étui 

d’or massif, où il y avait une cuiller, une four
chette, et un couteau de fi n or, garni de diamants 

et de rubis. Mais comme chacun prenait sa pla
ce à table, on vit entrer une vieille fée qu’on 

n’avait point priée parce qu’il y avait plus de cin
quante ans qu’elle n’était sortie d’une tour et 

qu’on la croyait morte, ou enchantée.

Le roi lui fi t donner un couvert, mais il n’y 

eut pas moyen de lui donner un étui d’or mas
sif, comme aux autres, parce que l’on n’en avait 

fait faire que sept1 pour les sept fées. La vieille 

crut qu’on la méprisait, et grommela quelques 

menaces entre ses dents.

1  parce que l’on n’en avait fait faire que sept — 
потому что их заказали только семь

LA BELLE AU BOIS DORMANT 

7

Une des jeunes fées qui se trouva auprès d’el
le l’entendit, et jugeant qu’elle pourrait donner 

quelque fâcheux don à la petite princesse, alla, 

dès qu’on fut sorti de table, se cacher derrière la 

tapisserie, afi n de parler la dernière, et de pou
voir réparer autant qu’il lui serait possible1 le 

mal que la vieille aurait fait.

Cependant les fées commencèrent à faire 

leurs dons à la princesse. La plus jeune lui don
na pour don qu’elle serait la plus belle du mon
de, celle d’après qu’elle aurait de l’esprit comme 

un Ange, la troisième qu’elle aurait une grâce 

admirable à tout ce qu’elle ferait, la quatrième 

qu’elle danserait parfaitement bien, la cinquiè
me qu’elle chanterait comme un rossignol, et la 

sixième qu’elle jouerait de toutes sortes d’ins
truments à la perfection.

1  autant qu’il lui serait possible — насколько 
это было возможно

CHARLES PERRAULT

8

Le rang de la vieille fée étant venu, elle dit 

en branlant la tête, encore plus de dépit que de 

vieillesse, que la princesse se percerait la main 

d’un fuseau, et qu’elle en mourrait.

Ce terrible don fi t frémir toute la compagnie, 

et il n’y eut personne qui ne pleurât.

Dans ce moment la jeune fée sortit de der
rière la tapisserie, et dit tout haut ces paroles :

— Rassurez-vous, roi et reine, votre fi lle n’en 

mourra pas : il est vrai que je n’ai pas assez de 

puissance pour défaire entièrement ce que mon 

ancienne1 a fait. La princesse se percera la main 

d’un fuseau ; mais au lieu d’en mourir, elle tom
bera seulement dans un profond sommeil qui 

durera cent ans, au bout desquels le fi ls d’un roi 

viendra la réveiller.

Le roi, pour tâcher d’éviter le malheur annon
cé par la vieille, fi t publier aussitôt un édit, par le
1  mon ancienne — здесь: моя предшественница

LA BELLE AU BOIS DORMANT 

9

quel il défendait à tous de fi ler au fuseau, ni d’avoir 

des fuseaux chez soi sous peine de mort1.

Au bout de quinze ou seize ans, le roi et la 

reine étant allés à une de leurs maisons de plai
sance, il arriva que la jeune princesse courant 

un jour dans le château, et montant de chambre 

en chambre, alla jusqu’au haut d’un donjon dans 

un petit galetas, où une bonne vieille était seu
le à fi ler sa quenouille. Cette bonne femme 

n’avait point entendu parler des défenses que le 

roi avait faites de fi ler au fuseau.

— Que faites-vous là, ma bonne femme ? dit 

la princesse.

— Je fi le, ma belle enfant, lui répondit la 

vieille qui ne la connaissait pas.

— Ha ! que cela est joli, reprit la princesse, 

comment faites-vous ? Donnez-moi que je voie 

si j’en ferais bien autant.

1  sous peine de mort — под страхом смерти

— Que faites-vous là, ma bonne femme ? dit la princesse.