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Пышка

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Герои новелл Ги де Мопассана (1850-1893), вошедших в сборник, — люди разные: это и девица легкого поведения Элизабет Руссе, оказывающаяся гораздо более порядочной, чем ее почтенные попутчики, и Папаша Милон, отомстивший пруссакам за гибель сына, и скучающие буржуа, и предприимчивые молодые женщины. Предлагаем вниманию читателей неадаптированный текст новелл с комментариями и словарем.
Мопассан, Г. Пышка : книга для чтения на французском языке : художественная литература / Г. Мопассан. - Санкт-Петербург : КАРО, 2016. - 192 с. - (Litterature classique). - ISBN 978-5-9925-1145-1. - Текст : электронный. - URL: https://znanium.com/catalog/product/1048649 (дата обращения: 19.04.2024). – Режим доступа: по подписке.
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УДК 372.8
ББК 81.2 Фр-93
М78

ISBN 978-5-9925-1145-1

Мопассан, Ги де.

М78 Пышка : книга для чтения на французском язы
ке. — Санкт-Петербург : КАРО, 2016. — 192 с. — 
(Littérature classique).

ISBN 978-5-9925-1145-1.

Герои новелл Ги де Мопассана (1850–1893), вошедших 

в сборник, — люди разные: это и девица легкого поведения 
Элизабет Руссе, оказывающаяся гораздо более порядочной, 
чем ее почтенные попутчики, и Папаша Милон, отомстивший 
пруссакам за гибель сына, и скучающие буржуа, и предприимчивые молодые женщины.

Предлагаем вниманию читателей неадаптированный 

текст новелл с комментариями и словарем.

УДК 372.8

ББК 81.2 Фр-93

© КАРО, 2016

Boule de Suif

Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux 

d’armée en déroute avaient traversé la ville. Ce n’était 
point de la troupe, mais des hordes débandées. 
Les hommes avaient la barbe longue et sale, des 
uniformes en guenilles, et ils avançaient d’une allure 
molle, sans drapeau, sans régiment. Tous semblaient 
accablés, éreintés, incapables d’une pensée ou d’une 
résolution, marchant seulement par habitude, 
et tombant de fatigue sitôt qu’ils s’arrêtaient. On 
voyait surtout des mobilisés, gens pacifiques, 
rentiers tranquilles, pliant sous le poids du fusil ; 
des petits moblots alertes, faciles à l’épouvante et 
prompts à l’enthousiasme, prêts à l’attaque comme 
à la fuite ; puis, au milieu d’eux, quelques culottes 
rouges, débris d’une division moulue dans une 
grande bataille ; des artilleurs sombres alignés avec 
des fantassins divers ; et, parfois, le casque brillant 
d’un dragon au pied pesant qui suivait avec peine la 
marche plus légère des lignards.

Des légions de francs-tireurs aux appella
tions héroïques : « les Vengeurs de la Défaite — 
les Citoyens de la Tombe — les Partageurs de la 
Mort » — passaient à leur tour, avec des airs de 
bandits.

Leurs chefs, anciens commerçants en draps 

ou en graines, ex-marchands de suif ou de savon, 
guerriers de circonstance1, nommés officiers pour 
leurs écus ou la longueur de leurs moustaches, 
couverts d’armes, de flanelle et de galons, parlaient 
d’une voix retentissante, discutaient plans de campagne, et prétendaient soutenir seuls la France 
agonisante sur leurs épaules de fanfarons ; mais ils 
redoutaient parfois leurs propres soldats, gens de 
sac et de corde, souvent braves à outrance, pillards 
et débauchés.

Les Prussiens allaient entrer dans Rouen, disait
on.

La Garde nationale qui, depuis deux mois, faisait 

des reconnaissances très prudentes dans les bois 
voisins, fusillant parfois ses propres sentinelles, et se 
préparant au combat quand un petit lapin remuait 
sous des broussailles, était rentrée dans ses foyers. 
Ses armes, ses uniformes, tout son attirail meurtrier, 
dont elle épouvantait naguère les bornes des 

1 de circonstance — по воле случая; по стечению об
стоятельств

routes nationales à trois lieues à la ronde, avaient 
subitement disparu.

Les derniers soldats français venaient enfin de 

traverser la Seine pour gagner Pont-Audemer par 
Saint-Sever et Bourg-Achard ; et, marchant après 
tous, le général, désespéré, ne pouvant rien tenter 
avec ces loques disparates, éperdu lui-même dans 
la grande débâcle d’un peuple habitué à vaincre et désastreusement battu malgré sa bravoure 
légen daire, s’en allait à pied, entre deux officiers 
d’ordonnance1.

Puis un calme profond, une attente épouvantée 

et silencieuse avaient plané sur la cité. Beaucoup 
de bourgeois bedonnants, émasculés par le com-
merce, attendaient anxieusement les vain queurs, 
tremblant qu’on ne considérât comme une arme2

leurs broches à rôtir ou leurs grands couteaux de 
cuisine.

La vie semblait arrêtée ; les boutiques étaient 

closes, la rue muette. Quelquefois un habitant, 
intimidé par ce silence, filait rapidement le long 
des murs.

L’angoisse de l’attente faisait désirer la venue de 

l’ennemi.

1 officier d’ordonnance — адъютант
2 qu’on ne considérât comme une arme — как бы 

не сочли оружием

Dans l’après-midi du jour qui suivit le départ 

des troupes françaises, quelques uhlans, sortis on 
ne sait d’où, traversèrent la ville avec célérité. Puis, 
un peu plus tard, une masse noire descendit de 
la côte Sainte-Catherine, tandis que deux autres 
flots envahisseurs apparaissaient par les routes de 
Darnetal et de Boisguillaume. Les avant-gardes des 
trois corps, juste au même moment, se joignirent 
sur la place de l’Hôtel-de-Ville1 ; et par toutes les 
rues voisines, l’armée allemande arrivait, déroulant 
ses bataillons qui faisaient sonner les pavés sous 
leur pas dur et rythmé.

Des commandements criés d’une voix inconnue 

et gutturale montaient le long des maisons qui 
semblaient mortes et désertes, tandis que, derrière 
les volets fermés, des yeux guettaient ces hommes 
victorieux, maîtres de la cité, des fortunes et des 
vies, de par le « droit de guerre ». Les habitants, dans 
leurs chambres assombries, avaient l’affolement que 
donnent les cataclysmes, les grands bouleversements 
meurtriers de la terre, contre lesquels toute sagesse 
et toute force sont inutiles. Car la même sensation 
reparaît chaque fois que l’ordre établi des choses 
est renversé, que la sécurité n’existe plus, que tout 
ce que protégeaient les lois des hommes ou celles 

1 la place de l’Hôtel-de-Ville — Ратушная площадь

de la nature, se trouve à la merci d’une brutalité 
inconsciente et féroce. Le tremblement de terre 
écrasant sous les maisons croulantes un peuple 
entier ; le fleuve débordé qui roule les paysans noyés 
avec les cadavres des bœufs et les poutres arrachées 
aux toits, ou l’armée glorieuse massacrant ceux qui 
se défendent, emmenant les autres prisonniers, 
pillant au nom du Sabre et remerciant un Dieu au 
son du canon, sont autant de fléaux effrayants qui 
déconcertent toute croyance à la justice éternelle, 
toute la confiance qu’on nous enseigne en la protection du Ciel et en la raison de l’homme.

Mais à chaque porte des petits détachements 

frappaient, puis disparaissaient dans les maisons. 
C’était l’occupation après l’invasion. Le devoir commençait pour les vaincus de se montrer gra cieux 
envers les vainqueurs.

Au bout de quelque temps, une fois la première 

terreur disparue, un calme nouveau s’établit. Dans 
beaucoup de familles, l’officier prussien mangeait 
à table. Il était parfois bien élevé, et, par politesse, 
plaignait la France, disait sa répugnance en prenant 
part à cette guerre. On lui était reconnaissant de 
ce sentiment ; puis on pouvait, un jour ou l’autre, 
avoir besoin de sa protection. En le ménageant on 
obtiendrait peut-être quelques hommes de moins 
à nourrir. Et pourquoi blesser quelqu’un dont on 

dépendait tout à fait ? Agir ainsi serait moins de la 
bravoure que de la témérité. — Et la témérité n’est 
plus un défaut des bourgeois de Rouen, comme 
au temps des défenses héroïques où s’illustra leur 
cité. — On se disait enfin, raison suprême tirée de 
l’urbanité française, qu’il demeurait bien permis 
d’être poli dans son intérieur pourvu qu’on ne se 
montrât1 pas familier, en public, avec le soldat 
étranger. Au dehors on ne se connaissait plus, mais 
dans la maison on causait volontiers, et l’Allemand 
demeurait plus longtemps, chaque soir, à se chauffer 
au foyer commun.

La ville même reprenait peu à peu de son aspect 

ordinaire. Les Français ne sortaient guère encore, 
mais les soldats prussiens grouillaient dans les 
rues. Du reste, les officiers de hussards bleus, qui 
traînaient avec arrogance leurs grands outils de 
mort sur le pavé, ne semblaient pas avoir pour 
les simples citoyens énormément plus de mépris 
que les officiers de chasseurs, qui, l’année d’avant, 
buvaient aux mêmes cafés.

Il y avait cependant quelque chose dans l’air, 

quelque chose de subtil et d’inconnu, une atmosphère 
étrangère intolérable, comme une odeur répandue, 
l’odeur de l’invasion. Elle emplissait les demeures et 

1 pourvu qu’on ne se montrât — только бы не пока
заться

les places publiques, changeait le goût des aliments, 
donnait l’impression d’être en voyage, très loin, chez 
des tribus barbares et dangereuses.

Les vainqueurs exigeaient de l’argent, beaucoup 

d’argent. Les habitants payaient toujours ; ils étaient 
riches d’ailleurs. Mais plus un négociant normand 
devient opulent et plus il souffre de tout sacrifice, 
de toute parcelle de sa fortune qu’il voit passer aux 
mains d’un autre. 

Cependant, à deux ou trois lieues sous la ville, 

en suivant le cours de la rivière, vers Croisset, 
Dieppedalle ou Biessart, les mariniers et les pêcheurs ramenaient souvent du fond de l’eau quelque 
cada vre d’Allemand gonflé dans son uniforme, tué 
d’un coup de couteau ou de savate, la tête écrasée 
par une pierre, ou jeté à l’eau d’une poussée du 
haut d’un pont. Les vases du fleuve ensevelissaient 
ces vengeances obscures, sauvages et légitimes, 
héroïsmes inconnus, attaques muettes, plus périlleuses que les batailles au grand jour et sans le 
retentissement de la gloire.

Car la haine de l’Étranger arme toujours quelques 

Intrépides prêts à mourir pour une Idée.

Enfin, comme les envahisseurs, bien qu’as
sujétissant la ville à leur inflexible discipline, 
n’avaient accompli aucune des horreurs que la 
renommée leur faisait commettre tout le long de 

leur marche triomphale, on s’enhardit, et le besoin du négoce travailla de nouveau le cœur des 
commerçants du pays. Quelques-uns avaient de 
gros intérêts engagés au Havre que l’armée française 
occupait, et ils voulurent tenter de gagner ce port en 
allant par terre à Dieppe où ils s’embarqueraient.

On employa l’influence des officiers allemands 

dont on avait fait la connaissance, et une autorisation 
de départ fut obtenue du général en chef.

Donc, une grande diligence à quatre chevaux 

ayant été retenue pour ce voyage, et dix personnes 
s’étant fait inscrire chez le voiturier, on résolut de 
partir un mardi matin, avant le jour, pour éviter 
tout rassemblement.

Depuis quelque temps déjà la gelée avait durci 

la terre, et le lundi, vers trois heures, de gros nuages 
noirs venant du Nord apportèrent la neige qui 
tomba sans interruption pendant toute la soirée et 
toute la nuit.

À quatre heures et demie du matin, les voyageurs 

se réunirent dans la cour de l’Hôtel de Normandie, 
où l’on devait monter en voiture.

Ils étaient encore pleins de sommeil, et grelot
taient de froid sous leurs couvertures. On se voyait 
mal dans l’obscurité ; et l’entassement des lourds 
vêtements d’hiver faisait ressembler tous ces corps 
à des curés obèses avec leurs longues soutanes. Mais 

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