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Новеллы

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Книга для чтения на французском языке предназначена для учащихся 10—11 классов школ с углубленным изучением французского языка, для студентов младших курсов языковых вузов, а также для широкого круга читателей, интересующихся французским языком и французской культурой. Книга снабжена лингво-страноведческим комментарием и кратким франко-русским словарем.
Мопассан, Г., Доде, А. Новеллы : книга для чтения : пособие / Г. Мопассан, А. Доде. - [задания и комментарии А. И. Иванченко]. — Санкт-Петербург : КАРО, 2012. — 192 с. — (Litterature classique). - ISBN 978-5-9925-0781-2. - Текст : электронный. - URL: https://znanium.com/catalog/product/1048631 (дата обращения: 29.03.2024). – Режим доступа: по подписке.
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Ги де Мопассан, А. Доде
М 78
Новеллы: Книга для чтения/Задания и комментарии А. И. Иванченко — СПб.: КАРО, 2012. —
192 c.: ил. — (Серия Littrature classique).

ISBN 978-5-9925-0781-2.

Книга для чтения на французском языке предназначена для учащихся 10—11 классов школ с углубленным изучением французского языка, для студентов
младших курсов языковых вузов, а также для широкого круга читателей, интересующихся французским языком и французской культурой.
Книга снабжена лингво-страноведческим комментарием и кратким франко-русским словарем.

УДК 372.8
ББК 81.2 Фр-93

УДК 372.8
ББК 81.2 Фр-93
М 78

© «КАРО», 2004
ISBN 978-5-9925-0781-2

1850, Château de Miromesnil,
Seine-Maritime — 1893, Paris

Après une enfance libre et heureuse en Normandie, il assiste à la débâcle de 1870, puis
accepte un emploi de fonctionnaire à Paris (parmi ces bureaucrates que l’on retrouve dans La
Parure, Le Protecteur, L’Héritage).
Parallèlement à une vie sportive et joyeuse,
il fait son “apprentissage” littéraire sous la direction de Flaubert, ami de la famille, qui lui
impose les exigences de l’esthétique réaliste et

lui fait connaître Daudet et Zola. La nouvelle
Boule-de-Suif (1880) détermine sa vocation et
lui assure le succès. Vivant désormais de ses
livres, il publie quelque trois cents nouvelles en
dix ans. Dans ses œuvres, il évoque la Normandie, rappelle des souvenirs de la guerre de 1870,
dénonce la médiocrité et le cynisme des milieux
parisiens. Débordant de sensuelle vitalité, visitant sur son yacht l’Angleterre, l’Italie, l’Afrique du Nord, il est progressivement assombri
par des troubles nerveux et la hantise de la
mort. Aux hallucinations succède le délire, et il
meurt après dix-huit mois d’internement.
Qu’il parle le savoureux patois normand de
ses paysans ou décrive avec une précision lucide la montée de l’angoisse, Maupassant est bien
le maître de la nouvelle, qui a appris à l’école
de Flaubert à rechercher “la vérité choisie et
expressive”. S’écartant de l’esthétique naturaliste, il veut donner à la vie une “vision plus
complète, plus saisissante, plus probante que
la réalité même”; d’où un style savamment simple, des notations brèves et aiguës sur le décor
et sur les personnages. Le récit, souvent banal,
simple comme un scénario, a “l’aspect, le mouvement de la vie même”.    

Paris était bloqué1, affamé et râlant. Les
moineaux se faisaient bien rares sur les toits,
et les égouts se dépeuplaient. On mangeait n’importe quoi.
Comme il se promenait tristement par un
clair matin de janvier le long du boulevard2

extérieur, les mains dans les poches de sa culotte d’uniforme et le ventre vide, M. Morissot,
horloger de son état et pantouflard par occasion, s’arrêta net devant un confrère qu’il reconnut pour un ami. C’était M. Sauvage, une
connaissance du bord de l’eau.

Chaque dimanche, avant la guerre, Morissot partait dès l’aurore, une canne en bambou
d’une main, une boîte en fer-blanc sur le dos.
Il prenait le chemin de fer d’Argenteuil, descendait à Colombes, puis gagnait à pied l’île
Marante. A peine arrivé en ce lieu de ses  rêves, il se mettait à pêcher; il pêchait jusqu’à la
nuit.
Chaque dimanche, il rencontrait là un petit
homme replet et jovial, M. Sauvage, mercier,
rue Notre-Dame-de-Lorette, autre pêcheur fanatique. Ils passaient souvent une demi-journée côte à côte, la ligne à la main et les pieds
ballants au-dessus du courant; et ils s’étaient
pris d’amitié l’un pour l’autre.
En certains jours, ils ne parlaient pas. Quelquefois ils causaient; mais ils s’entendaient admirablement sans rien dire, ayant des goûts
semblables et des sensations identiques.
Au printemps, le matin, vers dix heures,
quand le soleil rajeuni faisait flotter sur le fleuve
tranquille cette petite buée qui coule avec l’eau,
et versait dans le dos des deux enragés pêcheurs
une chaleur de saison nouvelle, Morissot parfois
disait à son voisin: “Hein! quelle douceur!” et
M. Sauvage répondait: “Je ne connais rien de

meilleur.” Et cela leur suffisait pour se comprendre et s’estimer.
A l’automne, vers la fin du jour, quand le
ciel, ensanglanté par le soleil couchant, jetait
dans l’eau des figures de nuages écarlates, empourprait le fleuve entier, enflammait l’horizon, faisait rouge comme du feu entre les deux
amis, et dorait les arbres roussis déjà, frémissants d’un frisson d’hiver, M. Sauvage regardait en souriant Morissot et prononçait: “Quel
spectacle!” Et Morissot émerveillé répondait,
sans quitter des yeux son flotteur: “Cela vaut
mieux que le boulevard, hein?”
Dès qu’ils se furent reconnus, ils se serrèrent les mains énergiquement, tout émus de
se retrouver en des circonstances si différentes.
M. Sauvage, poussant un soupir, murmura: “En
voilà des événements!” Morissot, très morne,
gémit: “Et quel temps! C’est aujourd’hui le premier beau jour de l’année.”
Le ciel était, en effet, tout bleu et plein de
lumière.
Ils se mirent à marcher côte à côte, rêveurs
et tristes. Morissot reprit: “Et la pêche? hein!
quel bon souvenir!”
M. Sauvage demanda: “Quand y retournerons-nous?”

Ils entrèrent dans un petit café et burent
ensemble une absinthe*; puis ils se remirent à
se promener sur les trottoirs.
Morissot s’arrêta soudain: “Une seconde
verte, hein?” M. Sauvage y consentit: “A votre
disposition.” Et ils pénétrèrent chez un autre
marchand de vins.
Ils étaient fort étourdis en sortant, troublés
comme des gens à jeun dont le ventre est plein
d’alcool. Il faisait doux. Une brise caressante
leur chatouillait le visage.
M. Sauvage, que l’air tiède achevait de
griser, s’arrêta: “Si on y allait?
— Où ça?
— A la pêche, donc.
— Mais où?
— Mais à notre île. Les avant-postes français
sont auprès de Colombes. Je connais le colonel
Dumoulin; on nous laissera passer facilement.”
Morissot frémit de désir: “C’est dit. J’en suis.”
Et ils se séparèrent pour prendre leurs instruments.
Une heure après, ils marchaient côte à côte
sur la grand-route. Puis ils gagnèrent la villa

une absinthequ’occupait le colonel. Il sourit de leur demande
et consentit à leur fantaisie. Ils se remirent en
marche, munis d’un laissez-passer.
Bientôt ils franchirent les avant-postes, traversèrent Colombes abandonné, et se trou-vèrent au bord des petits champs de vigne qui
descendent vers la Seine. Il était environ onze
heures.
En face, le village d’Argenteuil semblait
mort. Les hauteurs d’Orgemont et Sannois dominaient tout le pays. La grande plaine qui va
jusqu’à Nanterre était vide, toute vide, avec ses
cerisiers mûrs et ses terres grises.
M. Sauvage, montrant du doigt les sommets,
murmura: “Les Prussiens sont là-haut!” Et une
inquiétude paralysait les deux amis devant ce
pays désert.
“Les Prussiens!” Ils n’en avaient jamais aperçu, mais ils les sentaient là depuis des mois,
autour de Paris, ruinant la France, pillant, massacrant, affamant, invisibles et tout-puissants.
Et une sorte de terreur superstitieuse s’ajoutait à la haine qu’ils avaient pour ce peuple
inconnu et victorieux.
Morissot balbutia: “Hein! si nous allions en
rencontrer?”

M. Sauvage répondit, avec cette gouaillerie
parisienne reparaissant malgré tout:
“Nous leur offririons une friture.”
Mais ils hésitaient à s’aventurer dans la
campagne, intimidés par le silence de tout l’horizon.
A la fin, M. Sauvage se décida: “Allons, en
route! mais avec précaution.” Et ils descendirent dans un champ de vigne, courbés en deux,
rampant, profitant des buissons pour se couvrir, l’œil inquiet, l’oreille tendue.
Une bande de terre nue restait à traverser
pour gagner le bord du fleuve. Ils se mirent à
courir; et dès qu’ils eurent atteint la berge, ils
se blottirent dans les roseaux secs.
Morissot colla sa joue par terre pour écouter
si on ne marchait pas dans les environs. Il
n’entendit rien. Ils étaient bien seuls, tout seuls.
Ils se rassurèrent et se mirent à pêcher.
En face d’eux l’île Marante abandonnée les
cachait à l’autre berge. La petite maison du
restaurant était close, semblait délaissée depuis des années.
M. Sauvage prit le premier goujon, Morissot
attrapa le second, et d’instant en instant ils
levaient leurs lignes avec une petite bête ar
gentée frétillant au bout du fil: une vraie pêche
miraculeuse.
Ils introduisaient délicatement les poissons
dans une poche de filet à mailles très serrées,
qui trempait à leurs pieds. Et une joie délicieuse les pénétrait, cette joie qui vous saisit
quand on retrouve un plaisir aimé dont on
est privé depuis longtemps.
Le bon soleil leur coulait sa chaleur entre
les épaules; ils n’écoutaient plus rien; ils ne
pensaient plus à rien; ils ignoraient le reste du
monde; ils pêchaient.
Mais soudain un bruit sourd qui semblait
venir de sous terre fit trembler le sol. Le canon
se remettait à tonner.
Morissot tourna la tête, et par-dessus la
berge il aperçut, là-bas, sur la gauche, la grande
silhouette du Mont-Valérien, qui portait au front
une aigrette blanche, une buée de poudre qu’il
venait de cracher.
Et aussitôt un second jet de fumée partit du
sommet de la forteresse, et quelques instants
après une nouvelle détonation gronda.
Puis d’autres suivirent, et de moment en
moment, la montagne jetait son haleine de mort,
soufflait ses vapeurs laiteuses qui s’élevaient

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