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Милый друг

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Анри Рене Альберт Ги де Мопассан (1850-1893) известный французский романист. Сюжет романа «Милый друг» (1885) разворачивается вокруг судьбы ловеласа из высшего общества, который обладал уникальной способностью обольщать. В книге представлен неадаптированный текст на языке оригинала.
Мопассан, Г. Милый друг : книга для чтения на французском языке : художественная литература / Г. де Мопассан. - Санкт-Петербург : Антология, КАРО, 2009. - 448 с. - (Litterature classique). - ISBN 978-5-9925-0455-2. - Текст : электронный. - URL: https://znanium.com/catalog/product/1048627 (дата обращения: 29.03.2024). – Режим доступа: по подписке.
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Guy de MALIPASSAN





                BEL AMI





LITT&RATURE CLASSIQUE


Подготовка текста и комментарии Е. С. Васильевой






ИЗДАТЕЛЬСТВО Ш(Р© Санкт-Петербург 2009

УДК 372.8
ББК 81.2Фр
М78












      Мопассан Ги де
М 78    Милый друг: Книга для чтения на французском язы      ке. — СПб.: Антология, КАРО, 2009. — 448 с. — (Серия «Litterature classique»)

      ISBN 978-5-9925-0455-2

       Анри Рене Альберт Ги де Мопассан (1850-1893) - известный французский романист.
       Сюжет романа «Милый друг» (1885) разворачивается вокруг судьбы ловеласа из высшего общества, который обладал уникальной способностью обольщать.
       В книге представлен неадаптированный текст на языке оригинала.

УДК 372.8
ББК 81.2 Фр



ISBN 978-5-9925-0455-2

© Антология, 2006
© КАРО, 2006

PREMIERE PARTIE







            I


    Quand la caissiere lui eut rendu la monnaie de sa piece de cent sous, Georges Duroy sortit du restaurant.
    Comme il portait beau par nature et par pose d’ancien sous-officier, il cambra sa taille, frisa sa moustache d’un geste militaire et familier, et jeta sur les dineurs attardes un regard rapide et circulaire, un de ces regards de joli gar^on, qui s’etendent comme des coups d’epervier.
    Les femmes avaient leve la tete vers lui, trois petites ouvrieres, une maitresse de musique entre deux ages, mal peignee, negligee, coiffee d’un chapeau toujours poussiereux et vetue toujours d’une robe de travers, et deux bourgeoises avec leurs maris, habituees de cette gargote a prix fixe.
    Lorsqu’il fut sur le trottoir, il demeura un instant immobile, se demandant ce qu’il allait faire. On etait au 28 juin, et il lui restait en poche juste trois francs quarante pour finir le mois. Cela representait deux diners sans dejeuners, ou deux dejeuners sans diners, au choix. Il reflechit que les repas du matin etant de vingt-deux sous, au lieu de trente que coutaient ceux du soir, il lui resterait, en se contentant des dejeuners, un franc vingt centimes de boni, ce qui representait encore deux collations au pain

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et au saucisson, plus deux bocks sur le boulevard. C’etait la sa grande depense et son grand plaisir des nuits; et il se mit a descendre la rue Notre-Dame-de-Lorette.
   Il marchait ainsi qu’au temps ou il portait l’uniforme des hussards, la poitrine bombee, les jambes un peu entrouvertes comme s’il venait de descendre de cheval; et il avangait brutalement dans la rue pleine de monde, heurtant les epaules, poussant les gens pour ne point se deranger de sa route. Il inclinait legerement sur l’oreille son chapeau a haute forme assez defraichi, et battait le pave de son talon. Il avait l’air de toujours defier quelqu’un, les passants, les maisons, la ville entiere, par chic de beau soldat tombe¹ dans le civil.
   Quoique habille d’un complet de soixante francs, il gardait une certaine elegance tapageuse, un peu commune, reelle cependant. Grand, bien fait, blond, d’un blond chatain vaguement roussi, avec une moustache retroussee, qui semblait mousser sur sa levre, des yeux bleus, clairs, troues d’une pupille toute petite, des cheveux frises naturellement, separes par une raie au milieu du crane, il ressemblait bien au mauvais sujet des romans populaires.
   C’etait une de ces soirees d’ete ou l’air manque dans Paris. La ville, chaude comme une etuve, paraissait suer dans la nuit etouffante. Les egouts soufflaient par leurs bouches de granit leurs haleines empestees, et les cuisines souterraines jetaient a la rue, par leurs fenetres basses, les miasmes infames des eaux de vaisselle et des vieilles sauces.

   ¹ tombe - заброшенный

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   Les concierges, en manches de chemise, a cheval sur des chaises en paille, fumaient la pipe sous des portes cocheres, et les passants allaient d’un pas accable, le front nu, le chapeau a la main.
   Quand Georges Duroy parvint au boulevard, il s’arreta encore, indecis sur ce qu’il allait faire. Il avait envie maintenant de gagner les Champs-Elysees et l’avenue du bois de Boulogne pour trouver un peu d’air frais sous les arbres; mais un desir aussi le travaillait, celui d’une rencontre amoureuse.
   Comment se presenterait-elle? Il n’en savait rien, mais il l’attendait depuis trois mois, tous les jours, tous les soirs. Quelquefois cependant, grace a sa belle mine et a sa tournure galante, il volait, par-ci, par-la, un peu d’amour, mais il esperait toujours plus et mieux.
   La poche vide et le sang bouillant, il s’allumait au contact des rodeuses qui murmurent, a l’angle des rues: «Venez-vous chez moi, joli gar^on?», mais il n’osait les suivre, ne les pouvant payer; et il attendait aussi autre chose, d’autres baisers, moins vulgaires.
   Il aimait cependant les lieux ou grouillent les filles publiques, leurs bals, leurs cafes, leurs rues; il aimait les coudoyer, leur parler, les tutoyer, flairer leurs parfums violents, se sentir pres d’elles. C’etaient des femmes enfin, des femmes d’amour. Il ne les meprisait point du mepris inne des hommes de famille.
   Il tourna vers la Madeleine et suivit le flot de foule qui coulait accable par la chaleur. Les grands cafes, pleins de monde, debordaient sur le trottoir, etalant leur public de buveurs sous la lumiere eclatante et crue de leur devanture

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illuminee. Devant eux, sur de petites tables carrees ou rondes, les verres contenaient des liquides rouges, jaunes, verts, bruns, de toutes les nuances; et dans l’interieur des carafes on voyait briller les gros cylindres transparents de glace qui refroidissaient la belle eau claire.
    Duroy avait ralenti sa marche, et l’envie de boire lui sechait la gorge.
    Une soif chaude, une soif de soir d’ete le tenait, et il pensait a la sensation delicieuse des boissons froides coulant dans la bouche. Mais s’il buvait seulement deux bocks dans la soiree, adieu le maigre souper du lendemain, et il les connaissait trop, les heures affamees de la fin du mois.
    Il se dit: «Il faut que je gagne dix heures et je prendrai mon bock a l’Americain¹. Nom d’un chien! que j’ai soif tout de meme!» Et il regardait tous ces hommes attables et buvant, tous ces hommes qui pouvaient se desalterer tant qu’il leur plaisait. Il allait, passant devant les cafes d’un air crane et gaillard, et il jugeait d’un coup d’reil, a la mine, a l’habit, ce que chaque consommateur devait porter d’argent sur lui. Et une colere l’envahissait contre ces gens assis et tranquilles. En fouillant leurs poches, on trouverait de l’or, de la monnaie blanche et des sous. En moyenne, chacun devait avoir au moins deux louis; ils etaient bien une centaine au cafe; cent fois deux louis font quatre mille francs! Il murmurait: «Les cochons!» tout en se dandinant avec grace. S’il avait pu en tenir

   ¹ a I’Americain - «Американское кафе» (название заведения)

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un au coin d’une rue, dans l’ ombre bien noire, il lui aurait tordu le cou, ma foi¹, sans scrupule, comme il faisait aux volailles des paysans, aux jours de grandes manreuvres.
   Et il se rappelait ses deux annees d’Afrique, la fa^on dont il ran^onnait les Arabes dans les petits postes du Sud. Et un sourire cruel et gai passa sur ses levres au souvenir d’une escapade qui avait coute la vie a trois hommes de la tribu des Ouled-Alane et qui leur avait valu, a ses camarades et a lui, vingt poules, deux moutons et de l’or, et de quoi rire pendant six mois.
   On n’avait jamais trouve les coupables, qu’on n’avait guere cherche d’ailleurs, l’Arabe etant un peu considere comme la proie naturelle du soldat.
   A Paris, c’ etait autre chose. On ne pouvait pas marauder gentiment, sabre au cote et revolver au poing, loin de la justice civile, en liberte, il se sentait au creur tous les instincts du sous-off lache en pays conquis. Certes il les regrettait, ses deux annees de desert. Quel dommage de n’etre pas reste la-bas! Mais voila, il avait espere mieux en revenant. Et maintenant!.. Ah! oui, c’etait du propre, maintenant!
   Il faisait aller sa langue dans sa bouche, avec un petit claquement, comme pour constater la secheresse de son palais.
   La foule glissait autour de lui, extenuee et lente, et il pensait toujours: «Tas de brutes! tous ces imbeciles-la ont des sous dans le gilet». Il bousculait les gens de

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   ¹ ma foi - честное слово

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l’epaule, et sifflotait des airs joyeux. Des messieurs heurtes se retoumaient en grognant; des femmes pronon^aient: «En voila un animal!»
   Il passa devant le Vaudeville, et s’arreta en face du cafe Americain, se demandant s’il n’allait pas prendre son bock, tant la soif le torturait. Avant de se decider, il regarda l’heure aux horloges lumineuses, au milieu de la chaussee. Il etait neuf heures un quart. Il se connaissait: des que le verre plein de biere serait devant lui, il l’avalerait. Que ferait-il ensuite jusqu’a onze heures?
   Il passa.
   «J’irai jusqu’a la Madeleine, se dit-il, et je reviendrai tout doucement».
   Comme il arrivait au coin de la place de l’Opera, il croisa un gros jeune homme, dont il se rappela vaguement avoir vu la tete quelque part.
   Il se mit a le suivre en cherchant dans ses souvenirs, et repetant a mi-voix: «Ou diable ai-je connu ce particulier-la?»
   Il fouillait dans sa pensee, sans parvenir a se le rappeler; puis tout d’un coup, par un singulier phenomene de memoire, le meme homme lui apparut moins gros, plus jeune, vetu d’un uniforme de hussard. Il s’ecria tout haut: «Tiens, Forestier!» et, allongeant le pas, il alla frapper sur l’epaule du marcheur. L’ autre se retourna, le regarda, puis dit:
   - Qu’est-ce que vous me voulez, monsieur?
   Duroy se mit a rire:
   - Tu ne me reconnais pas?
   - Non.

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    - Georges Duroy du sixieme hussards.
    Forestier tendit les deux mains:
    - Ah! mon vieux¹! comment vas-tu?
    - Tres bien et toi?
    - Oh! moi, pas trop; figure-toi que j’ai une poitrine de papier mache maintenant; je tousse six mois sur douze, a la suite d’une bronchite que j’ai attrapee a Bougival, l’annee de mon retour a Paris, voici quatre ans maintenant.
    - Tiens! tu as l’air solide, pourtant.
    Et Forestier, prenant le bras de son ancien camarade, lui parla de sa maladie, lui raconta les consultations, les opinions et les conseils des medecins, la difficulte de suivre leurs avis dans sa position. On lui ordonnait de passer l’hiver dans le Midi; mais le pouvait-il? Il etait marie et journaliste, dans une belle situation.
    - Je dirige la politique a «La Vie Frangaise». Je fais le Senat au «Salut», et, de temps en temps, des chroniques litteraires pour «La Planete». Voila, j’ai fait mon chemin.
    Duroy, surpris, le regardait. Il etait bien change, bien muri. Il avait maintenant une allure, une tenue, un costume d’homme pose, sur de lui, et un ventre d’homme qui dine bien. Autrefois il etait maigre, mince et souple, etourdi, casseur d’assiettes, tapageur et toujours en train. En trois ans Paris en avait fait quelqu’un de tout autre, de gros et de serieux, avec quelques cheveux blancs² sur les tempes, bien qu’il n’eut pas plus de vingt-sept ans.
    Forestier demanda:

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    ¹ mon vieux - старина

    ² cheveux blancs - седина

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   -   Ou vas-tu?
   Duroy repondit:
   -   Nulle part, je fais un tour avant de rentrer.
   -      Eh bien, veux-tu m’accompagner a «La Vie Francaise», ou j’ai des epreuves a corriger; puis nous irons prendre un bock ensemble.
   -   Je te suis.¹
   Et ils se mirent a marcher en se tenant par le bras avec cette familiarite facile qui subsiste entre compagnons d’ecole et entre camarades de regiment.
   -   Qu’est-ce que tu fais a Paris? dit Forestier.
   Duroy haussa les epaules:
   -      Je creve de faim, tout simplement. Une fois mon temps fini, j’ai voulu venir ici pour... pour faire fortune ou plutot pour vivre a Paris; et voila six mois que je suis employe aux bureaux du chemin de fer du Nord, a quinze cents francs par an, rien de plus.
   Forestier murmura:
   -   Bigre, 9a n’est pas gras.
   -      Je te crois. Mais comment veux-tu que je m’en tire? Je suis seul, je ne connais personne, je ne peux me recommander a personne. Ce n’est pas la bonne volonte qui me manque, mais les moyens.
   Son camarade le regarda des pieds a la tete, en homme pratique, qui juge un sujet, puis il pronon9a d’un ton convaincu:
   -      Vois-tu, mon petit, tout depend de l’aplomb, ici. Un homme un peu malin devient plus facilement ministre que

   ¹ Je te suis. - Я в твоем распоряжении.

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