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Капитан Фракасс

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Теофиль Готье (1811 - 1872) - известный французский писатель, поэт и критик. Авантюрный роман «Капитан Фракасс» (1863) повествует о любви барона Сигоньяка к прелестной актрисе Изабелле. Ради нее герой решает покинуть свой запустевший замок и отправиться с бродячими комедиантами в Париж... В книге представлен неадаптированный сокращенный текст на языке оригинала.
Готье, Т. Капитан Фракасс : книга для чтения на французском языке : художественная литература / Т. Готье. - Санкт-Петербург : Антология, КАРО, 2006. - 448 с. - ISBN 5-89815-671-2. - Текст : электронный. - URL: https://znanium.com/catalog/product/1048600 (дата обращения: 25.04.2024). – Режим доступа: по подписке.
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LECTURE ORIGINALE





                Theophile Gautier





LE CAPITAINE FRACASSE Подготовка текста, примечания и словарь Е. С. Васильева




Санкт^Петер бург


2006

ББК 81.2 Фр
      Г 73



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ООО «ИПЦ «КАРО»:
СПб (812) 320-8479; 317-9460 e-mail: karo@peterstar.ru Москва (095) 964-0846; 964-0210 e-mail: moscow@karo.net.ru www.karo.spb.ru








       Готье Т.
Г 73 Капитан Фракасс: Книга для чтения на французском языке. -СПб.: Антология, КАРО, 2006. - 448 с.
          ISBN 5-89815-671-2
          Теофиль Готье (1811-1872) - известный французский писатель, поэт и критик.
          Авантюрный роман «Капитан Фракасс» (1863) повествует о любви барона Сигоньяка к прелестной актрисе Изабелле. Ради нее герой решает покинуть свой запустевший замок и отправиться с бродячими комедиантами в Париж...
          В книге представлен неадаптированный сокращенный текст на языке оригинала.
ББК 81.2Фр

ISBN 5-89815-671-2

© Антология, 2005
© КАРО, 2005

            AVANT-PROPOS


   Voici un roman dont l’annonce figurait, il y a une trentaine d’annees deja - le temps marche si vite! - sur la couverture des livres de Renduel, l’editeur a la mode alors. La publicite naive encore se servait de ces moyens primitifs pour attirer l’attention sur les reuvres futures, et inscrivait au revers des reuvres presentes des titres qu’on choisissait retentissants ou bizarres, suivant le gout de l’epoque¹, sans que l’auteur eut toujours un plan bien arrete et fut en mesure de tenir immediatement cette vague promesse. On dresserait un curieux catalogue de ces romans qui n’ont pas ete faits et dont le plus celebre est «La Quiquengrogne» de Victor Hugo. Il faudra desormais rayer «Le Capitaine Fracasse» de cette liste. Nous avons enfin paye cette lettre de change de jeunesse tiree sur l’avenir, et ce n’est pas sans une certaine melancolie que nous achevons dans l’age mur ce livre dont l’idee est si ancienne, que, pour la retrouver, nous avons ete oblige de faire dans notre memoire ce travail auquel on se livre parmi de vieux papiers a la recherche d’un document perdu. Oh! que de poussiere sur de frais souvenirs, que de lettres jaunies si parfumees autrefois, que de billets signes de mains qui n’ecriront plus «Never, oh, never more!²» comme dit Edgar Poe dans son navrant poeme du Corbeau! Pourquoi aller reprendre au

     ¹ suivant le gout de l’epoque - Следуя вкусам эпохи.

     ² Never, oh, never more! - (англ.) О, никогда больше!

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Theophile Gautier

fond du passe ce vieux reve presque oublie, et peindre laborieusement cette esquisse dont les premiers traits a peine avaient ete jetes sur la toile au crayon blanc, et que l’aile du temps a effaces plus qu’a demi? Pourquoi donner suite a ce projet abandonne lorsqu’il etait si simple d’ecrire un ouvrage plus en harmonie av ec les preoccupations modernes? Depuis longtemps l’on avait cesse de nous demander: «Quand paraitra Le Capitaine Fracasse?» Beaucoup de gens croyaient qu’il etait paru et en faisaient meme la critique mais de loin en loin, a travers les mille soins de la vie, les voyages, l’incessante besogne du journalisme, l’achevement d’autres reuvres, un remords nous prenait et nous songions avec une certaine honte a cette promesse non accomplie, dont nul autre que nous peut-etre ne gardait souvenance. Les Orientaux s’imaginent que les figures sculptees ou peintes viennent au jugement dernier supplier les artistes de leur donner une ame. Nous avions peur de voir apparaitre le capitaine Fracasse pour nous faire une reclamation du meme genre. Le bapteme du titre lui creait une sorte d’existence qui avait besoin d’etre completee.
    Nous ne pouvions lui contester son droit de devenir un roman en deux volumes il fallait au moins batir un domicile a cette ombre errante que les annonces n’admettaient plus, et vers 1857 nous l’installames dans le chateau de la Misere. Quoique le logement fut delabre et peu confortable, voyant notre heros a peu pres abrite des intemperies de l’air, nous partimes pour la Russie, ou les feeries de l’hiver et l’ivresse de la neige nous retinrent plusieurs mois. Au retour, cette vie parisienne dont le tourbillon entraine les plus fortes volontes nous reprit de plus belle, et Fracasse fut menace de ne jamais sortir de son chateau en ruine. Cependant, il n’y devait pas rester et commenfa son odyssee a travers les numeros de la «Revue nationale». il a maintenant la forme qu’il exigeait. Nous esperons qu’il nous laissera tranquille.
    Pendant ce long travail, nous nous sommes autant que possible separe du milieu actuel, et nous avons vecu retrospectivement, nous

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reportant vers 1830, aux beaux jours du romantisme de ce livre, malgre la date qu’il porte et son execution recente, il n’appartient reellement pas a ce temps-ci. Comme les architectes qui, dans l’achevement d’un plan ancien, se conformant au style indique, nous avons ecrit «Le Capitaine Fracasse» dans le gout qui regnait au moment ou il eut du paraitre. On n’y trouvera aucune these politique, morale ou religieuse. Nul grand probleme ne s’y debat. On n’y plaide pour personne. L’auteur n’y exprime jamais son opinion. C’est une tc-uvre purement pittoresque, objective, comme diraient les Allemands. Bien que l’action se passe sous Louis XIII, «Le Capitaine Fracasse» n’a d’historique que la couleur du style. Les personnages s’y presentent comme dans la nature par leur forme exterieure, avec leur fond oblige de paysage ou d’architecture. Leurs costumes sont decrits, leurs gestes dessines et quand ils parlent, ils emploient la langue de leur epoque. Figurez-vous que vous feuilletez des eaux-fortes de Callot ou des gravures d’Abraham Bosse historiees de legendes. Mais arretons nous. N’allons pas faire une preface quand il n’est besoin que de quelques mots d’explication.
TH. G.
Octobre 1863

Le Capitaine Fracasse

I











            LE CHATEAU DE LA MISERE



   Sur le revers d’une de ces collines decharnees qui bossuent les Landes, entre Dax et Mont-de-Marsan, s’elevait, sous le regne de Louis XIII, une de ces gentilhommieres si communes en Gascogne¹, et que les villageois decorent du nom de chateau.
   Deux tours rondes, coiffees de toits en eteignoir, flanquaient les angles d’un batiment, sur la facade duquel deux rainures profondement entaillees trahissaient l’existence primitive d’un pont-levis reduit a l’etat de sinecure par le nivelage du fosse, et donnaient au manoir un aspect feodal, avec leurs echauguettes en poivriere et leurs girouettes a queue d’aronde. Une nappe de lierre enveloppant a demi l’une des tours tranchait heureusement par son vert sombre sur le ton gris de la pierre deja vieille a cette epoque.
   Le voyageur qui eut aperfu de loin le castel dessinant ses faitages pointus sur le ciel, au-dessus des genets et des bruyeres, l’eut juge une demeure convenable pour un hobereau de province; mais, en approchant, son avis se fut modifie. Le chemin qui menait de la route a l’habitation s’etait reduit, par l’envahissement de la mousse et des vegetations parasites, a un etroit sentier blanc semblable a un galon terni sur un manteau rape.

   ¹ si communes Gascogne - таких привычных в Гаскони

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    Deux ornieres remplies d’eau de pluie et habitees par des grenouilles temoignaient qu’anciennement des voitures avaient passe par la mais la securite de ces batraciens montrait une longue possession et la certitude de n’etre pas deranges. Sur la bande frayee a travers les mauvaises herbes, et detrempee par une averse recente, on ne voyait aucune empreinte de pas humain, et les brindilles de broussailles, chargees de gouttelettes brillantes, ne paraissaient pas avoir ete ecartees depuis longtemps.
    Un seul battant s’ouvrait et suffisait a la circulation des hotes evidemment peu nombreux du castel, et contre le jambage de la porte s’appuyait une roue demantelee et tombant en javelle, dernier debris d’un carrosse defunt sous le regne precedent. Des nids d’hirondelles obliteraient le faite des cheminees et les angles des fenetres, et, sans un mince filet de fumee qui sortait d’un tuyau de briques et se tortillait en vrille comme dans ces dessins de maisons que les ecoliers griffonnent sur la marge de leurs livres de classe, on aurait pu croire le logis inhabite: maigre devait etre la cuisine qui se preparait a ce foyer, car un soudard avec sa pipe eut produit des flocons plus epais.
    C’etait le seul signe de vie que donnat la maison, comme ces mourants dont l’existence ne se revele que par la vapeur de leur souffle.
    En poussant le vantail mobile de la porte, qui ne cedait pas sans protester et tournait avec une evidente mauvaise humeur sur ses gonds oxydes et criards, on se trouvait sous une espece de voute ogivale plus ancienne que le reste du logis, et divisee par quatre boudins de granit bleuatre se rencontrant a leur point d’intersection a une pierre en saillie ou se revoyaient un peu moins degradees les armoiries sculptees a l’exterieur, trois cigognes d’or sur champ d’azur, ou quelque chose d’analogue, car l’ombre de la voute ne permettait pas de les bien distinguer. Dans le mur etaient scelles des eteignoirs en tole noircis par les torches, et des anneaux ou s’attachaient autrefois les chevaux des visiteurs,

Le Capitaine Fracasse

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evenement bien rare aujourd’hui, a en croire la poussiere qui les souillait. De ce porche, sous lequel s’ouvraient deux portes, l’une conduisant aux appartements du rez-de-chaussee, l’autre a une salle qui avait pu jadis servir de salle des gardes, on debouchait dans une cour triste, nue et froide, entouree de hautes murailles rayees de longs filaments noirs par les pluies d’hiver. Dans les angles de la cour, parmi les gravats tombes des corniches ebrechees, poussaient 1’ortie, la fille-avoine et la cigue, et les paves etaient encadres d’herbe verte.
    Quant au jardin lui-meme, il retournait doucement a l’etat de hallier ou de foret vierge¹. A l’exception d’un carre ou se pommelaient quelques choux aux feuilles veinees et vert-de-grisees, et qu’etoilaient des soleils d’or au creur noir, dont la presence temoignait d’une sorte de culture, la nature reprenait ses droits sur cet espace abandonne et en effagait les traces du travail de l’homme qu’elle semble aimer a faire disparaitre.
    Les arbres non tailles projetaient en tous sens des branches gourmandes. Les ronces, aux ergots epineux, se croisaient d’un bord a l’autre des sentiers et vous accrochaient au passage pour vous empecher d’aller plus loin et vous derober ce mystere de tristesse et de desolation. La solitude n’aime pas etre surprise en deshabille et seme autour d’elle toutes sortes d’obstacles.
    Pourtant, si l’on eut persiste, sans redouter les egratignures des broussailles et les soufflets des branches, a suivre jusqu’au bout l’antique allee devenue plus obstruee et plus touffue qu’une sente dans les bois, on serait arrive a une espece de niche de rocaille figurant un antre rustique. Aux plantes semees jadis entre l’interstice des roches, telles qu’iris, glaieuls, lierre noir, il s’en etait ajoute d’autres, persicaires, scolopendres, lambruches sauvages qui pendaient comme des barbes, et voilaient a demi une statue de marbre representant une divinite mythologique, Flore ou Pomone, laquelle

    ¹ foret vierge - Дикий лес.

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avait du etre fort galante en son temps et faire honneur a 1’ouvrier, mais qui etait camarde comme la Mort, ayant le nez casse. La pauvre deesse portait en sa corbeille, au lieu de fleurs, des champignons moisis et d’aspect veneneux; elle-meme semblait avoir ete empoisonnee, car des taches de mousse brune tigraient son corps jadis si blanc. A ses pieds croupissait, sous une couche verte de lentilles d’eau dans une conque de pierre, une flaque brune, residu des pluies; car le mufle de lion, qu’on pouvait encore discerner au besoin, ne vomissait plus d’eau, n’en recevant pas des conduits bouches ou detruits.
    Ce cabinet grotesque, comme on disait alors, temoignait, tout ruine qu’il etait, d’une certaine aisance disparue et du gout pour les arts des anciens possesseurs du castel. Convenablement decrassee et restauree, la statue eut laisse voir le style florentin de la Renaissance a la maniere des sculpteurs italiens venus en France a la suite de maitre Roux et du Primatice, epoque probable des splendeurs de la famille maintenant dechue.
    Au-dela s’etendait la lande avec son horizon triste et bas pommele de bruyeres.
    En revenant vers le castel, on apercevait la facade opposee plus ravagee et plus degradee que celle qui vient d’etre decrite, les derniers maitres ayant tache de garder au moins l’apparence, et concentre leurs faibles ressources sur ce cote.
    Dans l’ecurie, ou vingt chevaux eussent pu tenir a l’aise, un maigre bidet, dont la croupe saillait en protuberances osseuses, tirait d’un ratelier vide quelques brins de paille du bout de ses dents jaunes et dechaussees, et de temps en temps tournait vers la porte un ffiil enchasse dans une orbite au fond de laquelle les rats de Montfaucon n’eussent pas trouve le plus leger atome de graisse. Au seuil du chenil, un chien unique, flottant dans sa peau trop large ou ses muscles detendus se dessinaient en lignes flasques, sommeillait le museau pose sur l’oreiller peu rembourre de ses pattes; il paraissait tellement habitue a la solitude du lieu, qu’il avait

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renonce a toute surveillance, et ne s’inquietait point, comme les chiens, meme assoupis, ont coutume de le faire, au moindre bruit qui se fait entendre.
    Une porte verte, dont la serge avait jauni et n’etait plus retenue que par quelques clous dedores, donnait passage dans une piece qui avait pu servir de salle a manger aux temps fabuleux ou l’on mangeait dans ce logis desert. Une grosse poutre divisait le plafond en deux compartiments rayes de soliveaux apparents, dont l’interstice avait ete revetu autrefois d’une couche de couleur bleue effacee par la poussiere et les toiles d’araignee que la tete de loup n’allait jamais troubler a cette hauteur. Au-dessus de la cheminee de forme antique, un massacre de cerf dix cors epanouissait son bois, et, le long des murailles grimafaient sur les toiles rembrunies des portraits enfumes representant des capitaines cuirasses ayant leur casque a cote d’eux ou tenu par un page, et fixant sur vous des yeux profondement noirs seuls vivants dans leurs figures mortes; des seigneurs en simarre de velours, la tete posee sur des rotondes roides d’empois comme des chefs de saint Jean-Baptiste sur des plats d’argent, des douairieres en costume a la vieille mode, effrayantes de lividite et prenant par la decomposition des couleurs, des apparences de stryges, de lamies et d’empouses. Ces peintures, faites par des barbouilleurs de province, prenaient de la barbarie meme du travail un aspect heteroclite et formidable. Quelques unes etaient sans cadres d’autres avaient des bordures d’un or terni et rougi. Toutes portaient a leur angle le blason de la famille et l’age du personnage represente; mais, que le chiffre fut bas ou eleve, il n’existait pas une difference bien appreciable entre ces tetes aux lumieres jaunes, aux ombres carbonisees, enfumees de vernis et saupoudrees de poussiere; deux ou trois de ces toiles chancies et couvertes d’une fleur de moisissure presentaient des tons de cadavre en decomposition, et prouvaient, de la part du dernier descendant de ces hommes de race et d’epee, une indifference complete a

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